Le café le Temps d’Une Pause est situé dans la rue de Moselle juste en face du célèbre MUR de Mulhouse où des artistes locaux présentent leurs créations d’art urbain. Je passais devant ce café des centaines de fois. Curieuse mais en se disant « Café lecture ? Hum, je crois que je ne suis pas assez bien coiffée / maquillée / je n’ai pas de livre avec moi en ce moment. » Oui, j’admets. J’ai des fois des préjugés bizarres.
Mais quand finalement je suis venu pour la première fois dans ce café j’ai toute de suite constaté : Voilà mon nouveau café préféré ! Avec sa décoration sublime et l’atmosphère chaleureux et détendu il y a un esprit de grande ville tout en procurant le calme pour boire tranquillement son café, lire un livre ou bavarder avec des amis sur un canapé de salon.
C’était un coup de foudre pour moi. Aussitôt j’ai ressenti une grande envie de connaître plus de l’histoire de cet endroit et de rencontrer la personne qui l’a conçu. Une occasion s’est présentée sous peu alors avec une joie immense je vous invite à la lecture d’un interview avec Delphine Drumez où elle dévoile les raisons qui l’ont poussé à renoncer à sa carrière d’infirmière et de se lancer comme créatrice et gérante d’un café que Mulhouse ne connaissait pas encore à l’époque.
Une rencontre qui inspire !
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Comment l’idée du Temps d’une Pause est née ?
A 23 ans j’ai fait un grand tour des pays de l’Est. J’ai visité par exemple la République Tchèque, la Roumanie, j’ai été à Cracovie en Pologne. J’ai vu que les concept stores et les cafés lectures c’est quelque chose qu’on y voit souvent. Ça m’a beaucoup plu.
Je suis originaire de Lille, d’une grande ville qui était si différente de Mulhouse à l’époque. Aux villes de la taille de Lille on pouvait trouver facilement des endroits similaires. Mais ce n’était pas le cas pour Mulhouse quand j’y ai déménagé il y a plus de douze ans.
Quand il y a cinq ans j’ai pris la décision de ma reconversion professionnelle après 15 ans de travail comme infirmière je n’avais pas l’idée claire de ce que j’allais faire ensuite. Avec un ami qui était dans une situation similaire de la mienne nous avons pensé un jour « Tiens ! Pourquoi pas ne pas ouvrir un café lecture ? »
C’est assez banal comme histoire.
Qu’est-ce que Le Temps d’une Pause pour vous personnellement ?
Tout au début je voulais avoir une petite boutique et vendre mes créations de décoration, de lampes, de meubles retapés. Avec le Temps d’une Pause nous sommes allée dans une direction différente mais je suis restée fidèle à mon idée de base et même aujourd’hui vous pouvez acheter chez nous du bijou, des sacs et d’autres objets de la création française.
Le café a beaucoup changé pendant depuis le moment où je l’ai créé. Nous avons évolué en écoutant nos clients. En Alsace par exemple les gens adorent les tartes aux fruits alors dans notre café il fallait penser aux pâtisseries.
Pendant longtemps nous faisions régulièrement des concerts, des ateliers divers et des lectures. D’ailleurs j’aimerais revenir à cette tradition dans un avenir proche si je trouve la personne qui pourrais se charger de l’organisation des événements dans le café.
Quant à moi, même si je me sentais plutôt comme créatrice je suis devenue une gérante d’un café. Au début je vendais encore mes créations, mais maintenant je n’ai plus de temps de les faire. Par contre le café lui-même ? Pour moi le Temps d’une Pause c’est mon bébé.
Vous avez commencé en septembre 2014 où à Mulhouse n’y avait pas d’endroit pareil. Est-ce qu’il était difficile de se faire connaitre ? Quel genre de clients attire votre café ?
Avec notre profil atypique nous avons quand même vite plu aux habitants de Mulhouse. Les gens qui nous ont appréciés le plus c’étaient principalement des expats habitués aux grandes villes et des étudiants.
Aujourd’hui l’une de mes plus grandes fiertés par rapport au café c’est qu’on embrasse toute type de la population. Clochards, SDF, les jeunes, les personnes âgées. J’aime ce brassage.
Quant à la promotion je n’ai jamais fait de pub. Que de la bouche à l’oreille. Ça a pris tout de suite et c’était une explosion.
Vous avez travaillé quinze ans comme infirmière. Avez-vous senti avant la fin de cette époque que votre nature créative et indépendante va prendre autant de place dans votre vie ? Est-ce que vous avez toujours eu un petit hobby artistique à côté de votre profession ?
Je suis devenue infirmière quand j’avais 21 ans. J’habitais dans une grande ville, je menais une vie hyper remplie avec mon travail dans les urgences et au service de la réanimation. A partir du moment quand j’ai abandonné l’idée d’étudier l’art plastique, il n’y avait pas de réflexion de revenir dans l’art. J’adorais quand même les sciences et j’étais douée alors le chemin actuel de ma vie me plaisait beaucoup.
A 28 ans quand je me suis arrêté pour la première fois c’était à cause d’un burn out complet. Et pourtant je ne me posais pas de questions pareilles non plus. Être infirmière c’est vraiment une identité très forte. Vous sauvez la vie ! Ça me définissait vraiment.
Alors j’ai fait encore sept ans. Mais à la fin de cette époque, malgré le fait que j’avais une équipe formidable, je m’ennuyais terriblement. Au fur et à mesure j’ai commencé à réaliser qu’au-delà de mon identité c’était plutôt une mauvaise orientation professionnelle qui m’est arrivé. Ça m’a pris quatorze ans…
C’est seulement à ce moment-là que j’ai commencé à réfléchir, qu’est-ce que j’aimais faire et qui j’étais.
Vous avez dit que vous vous définissiez comme infirmière. Et maintenant vous êtes gérante d’un café ou plutôt une créatrice ?
Moi je suis une fonceuse. Il y a tant de personnes qui m’ont dit « Oh là là, vous avez osé d’ouvrir un café lecture, un concept store à Mulhouse ! ». Et moi je me dis, « um, je ne suis pas sûre d’y avoir réfléchie en fait. » (elle rit)
Alors comment je me définis ? Je ne dirais pas créatrice, mais plutôt novatrice. Ce que j’aime dans les défis c’est d’innover. C’est une force et une faiblesse à la fois. D’un part à chaque fois je me dis « Mince ! Dans quelle difficulté je me suis mise. » Mais d’autre part je ne pourrais pas faire autrement. Je suis comme ça. Sinon je m’ennuie.
Mulhouse a beaucoup évolué aussi pendant quelques dernières années. Votre exemple a certainement inspiré d’autres.
C’est vrai, Mulhouse a beaucoup changé. C’est entre autre grâce à Frédéric Marquet, le manager de commerce de la ville de Mulhouse qui aide énormément à la création des endroits comme Le Temps d’une Pause. Vous saviez qu’aujourd’hui la moitié de commerces à Mulhouse est géré par les indépendants ? C’est une situation très rare dans les villes.
Quels sont vos endroits touristiques préférés à Mulhouse ? Pourriez-vous recommander quelques-unes aux lecteurs du blog Moja Alzacja ?
Pour sortir j’adore L’Entrepôt Café, vous connaissez ? C’est un lieu génial. Ça vous plairait ! Il y a le café, le bar, la restauration et derrière vous avez une salle pour des petits spectacles qui ont lieu toujours jeudi, vendredi, samedi. J’aime beaucoup leur ambiance familiale.
Quand mes sœurs viennent me visiter j’aime tout simplement me promener avec elles dans le centre de Mulhouse. Parfois nous allons aussi nous balader en haut du quartier Rebberg à Belveder où il y a aussi un parc sympa. Là vous avez une vue imprenable sur la ville de Mulhouse.
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Vous pouvez lire cet interview en Polonais en suivant ce lien.
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Articles en français sur le blog:
L’interview avec Andrew Pearson, co-créateur et barista du café Oh My Goodness à Strasbourg
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